Objectifs :
- Analyser un sujet de dissertation
- Acquérir une méthode d’analyse des documents
Sujet : Peut-on dire que les jeunes forment un groupe social ?
Consignes : Les cinq premières étapes sont à réaliser en classe par groupe de trois, en utilisant la fiche méthode de la dissertation. Chaque groupe doit rendre une feuille à la fin de l’heure.
1ère étape L’analyse du sujet
a) Identifiez le thème du sujet
b) Définissez le ou les termes économiques et sociaux centraux du sujet
2ème étape : La formulation de la problématique
c) Rédigez une phrase qui résume la problématique du sujet et qui permette de justifier le plan choisi.
3ème étape : L’élaboration d’un plan provisoire
d) En vous aidant de la fiche méthode, indiquez le type de sujet de cette dissertation et déduisez-en deux parties provisoires.
4ème étape : La mobilisation des connaissances
e) Quelles sont les notions que vous pouvez mobiliser sur ce sujet ?
5ème étape : L’analyse des documents
f) Remplissez le tableau suivant :
n° doc. |
Idées principales (en lien avec la problématique) |
Partie |
Réflexion personnelle /regard critique |
1 |
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2 |
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|
3
|
|
|
|
4
|
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Document 1
QUESTION 46 : GENRE DE MUSIQUE PREFERE (réponse spontanée) Unité : % |
||||||||||||||
sur 100 personnes de chaque groupe |
N'écoutent pas de musique |
Chansons françaises |
Variétés françaises |
Variétés interna-tionales |
RnB |
Musiques électro-niques (tektonic, dance…) |
Techno |
Rap |
Pop |
Rock |
Jazz |
Musique classique |
Autre genre |
Aucun genre |
ENSEMBLE |
8 |
13 |
20 |
6 |
4 |
2 |
2 |
3 |
3 |
7 |
3 |
8 |
15 |
5 |
AGE |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
15 à 19 ans |
0 |
1 |
5 |
4 |
16 |
8 |
7 |
16 |
4 |
16 |
1 |
1 |
15 |
6 |
20 à 24 ans |
2 |
4 |
9 |
5 |
12 |
4 |
6 |
9 |
5 |
13 |
4 |
1 |
19 |
8 |
25 à 34 ans |
1 |
10 |
17 |
10 |
6 |
4 |
5 |
2 |
7 |
11 |
3 |
1 |
17 |
6 |
35 à 44 ans |
2 |
11 |
24 |
10 |
3 |
1 |
2 |
1 |
6 |
9 |
3 |
4 |
18 |
7 |
45 à 54 ans |
6 |
17 |
29 |
6 |
1 |
0 |
1 |
0 |
2 |
8 |
3 |
7 |
15 |
6 |
55 à 64 ans |
12 |
17 |
28 |
3 |
. |
. |
1 |
0 |
1 |
2 |
4 |
15 |
12 |
5 |
65 ans et plus |
24 |
18 |
18 |
2 |
. |
0 |
. |
. |
. |
1 |
3 |
19 |
12 |
2 |
Source : Enquête Pratiques culturelles des Français, 2008 - DEPS ministère de la Culture et de la Communication
http://www.pratiquesculturelles.culture.gouv.fr/index.php
Champ : Enquête de terrain réalisée par sondage fin 2007 début 2008 auprès de 5 004 individus de 15 ans et plus résidant en France. Lecture : En moyenne sur 100 personnes de plus de 15 ans habitant en France, 8 n’écoutent jamais de musique.
Document 2
Comme vous l'avez souligné, la musique occupe une grande place dans l'univers culturel des jeunes. Quel rôle spécifique joue-t-elle pour eux ? Quels sont ses enjeux pour la construction de l'identité de l'adolescent et son positionnement social ?
Christine Détrez : En restant sur l'idée de l'âge, le premier enjeu est transversal à toutes ces pratiques et tous ces goûts, et au fait de se construire comme adolescent : ce sont à la fois des logiques de démarcation et d'affiliation. Devenir adolescent, c'est d'abord se démarquer, à la fois de ses parents, des plus jeunes et de soi-même enfant. C'est très net lors du passage du primaire au collège - ce que montrent aussi d'autres enquêtes - où les enfants abandonnent très fréquemment les musiques qu'ils écoutaient auparavant. Ce n'est pas forcément qu'ils ne les aiment plus, c'est plutôt qu'ils veulent signifier, avec le passage au collège, qu'ils n'ont plus des pratiques d'enfant. Il faut avoir son identité à soi, son âge à soi, qui n'est pas l'âge des plus âgés ou des parents, ni celui des petits frères ou sœurs, ni celui de nous plus petit. Devenir adolescent, c'est ensuite s'affilier, prioritairement aux copains, c'est revendiquer l'appartenance au groupe de pairs.
Pierre Mercklé : Sur la musique, comme sur un certain nombre d'autres pratiques comme la lecture - mais elle concerne moins d'enfants -, on observe très bien cette transition que décrit Christine, entre la démarcation et l'affiliation, à partir des titres ou des noms de chanteurs ou de groupes déclarés comme ceux qui ont leurs préférences années après année. Au niveau macrosociologique, quand on les regroupe ensemble pour faire des palmarès, on remarque qu'au début de l'enquête les palmarès sont marqués par un suffrage plutôt massif pour les premiers de la liste (Lorie en tête) et qu'à la fin, à 17 ans, les adolescents ne désignent pratiquement plus de noms de chanteur ou de groupe préféré, ni même de genre musical favori. Cela montre que l'affiliation à sa classe d'âge ou à la jeunesse en matière musicale ne consiste pas à aimer tous en masse, en même temps, le même chanteur ou groupe, mais aussi à se démarquer des autres par la diversification des goûts.
Entretien P. Merklé, C. Détrez, site SES-ENS
Document 3
En % |
Ensemble |
Origine favorisée |
Origine moyenne |
Origine populaire |
R'n'B |
27 |
8 |
31 |
44 |
Rock |
22 |
31 |
23 |
15 |
Rap |
21 |
9 |
25 |
28 |
Reggae |
12 |
11 |
15 |
12 |
Classique |
11 |
22 |
7 |
3 |
Variétés |
11 |
13 |
9 |
10 |
Pop |
9 |
11 |
9 |
9 |
Hip Hop |
7 |
2 |
9 |
13 |
Jazz |
6 |
12 |
5.5 |
2 |
Source : D. Pasquier « Cultures lycéennes, La tyrannie de la majorité" Autrement 2005
Champ : Enquête de l’auteure sur un échantillon de 944 élèves de 3 lycées à Paris et en région parisienne en 2001-2002. Lecture : Sur 100 lycéens interrogés, toutes origines sociales confondues, 11 écoutaient de la musique classique tandis que sur 100 lycéens d’origine sociale favorisée 22 écoutaient du classique.
Document 4
Par vieux, qu'entendez-vous ? Les adultes ? Ceux qui sont dans la production ? Ou le troisième âge ?
Quand je dis jeunes/ vieux, je prends la relation dans sa forme la plus vide. On est toujours le vieux ou le jeune de quelqu'un. C'est pourquoi les coupures soit en classes d'âge, soit en générations, sont tout à fait variables et sont un enjeu de manipulations. […]
Il n'y a rien là que de très banal, mais qui fait voir que l'âge est une donnée biologique socialement manipulée et manipulable ; et que le fait de parler des jeunes comme d'une unité sociale, d'un groupe constitué, doté d'intérêts communs, et de rapporter ces intérêts à un âge défini biologiquement, constitue déjà une manipulation évidente. Il faudrait au moins analyser les différences entre les jeunesses, ou, pour aller vite, entre les deux jeunesses. Par exemple, on pourrait comparer systématiquement les conditions d'existence, le marché du travail, le budget temps, etc., des « jeunes » qui sont déjà au travail, et des adolescents du même âge (biologique) qui sont étudiants : d'un côté, les contraintes, à peine atténuées par la solidarité familiale, de l'univers économique réel, de l'autre, les facilités d'une économie quasi ludique d'assistés, fondée sur la subvention, avec repas et logement à bas prix, titres d'accès à prix réduits au théâtre et au cinéma, etc. On trouverait des différences analogues dans tous les domaines de l'existence : par exemple, les gamins mal habillés, avec des cheveux trop longs, qui, le samedi soir, baladent leur petite amie sur une mauvaise mobylette, ce sont ceux-là qui se font arrêter par les flics.
Autrement dit, c'est par un abus de langage formidable que l'on peut subsumer sous le même concept des univers sociaux qui n'ont pratiquement rien de commun.
Source : Entretien de Pierre Bourdieu (1930-2002, sociologue) avec Anne-Marie Métailié, paru dans Les jeunes et le premier emploi, Paris, Association des Ages, 1978, pp. 520-530. Repris in Questions de sociologie, Éditions de Minuit, 1984. Ed. 1992 pp.143-154.
http://www.homme-moderne.org/societe/socio/bourdieu/questions/jeuness.html
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