Argumenter (voir fiche-méthode « Qu’est-ce que l'argumentation ? »), c’est donc d’abord étayer une affirmation afin d’emporter la conviction de l’auditeur ou du lecteur.
Très concrètement, faire suivre l’affirmation (par exemple : « la concurrence entre producteurs est favorable aux consommateurs », ou bien « on ne nait pas femme on le devient », ou bien encore « il faut baisser les impôts pour relancer la croissance ») de termes comme : « en effet », « car », « parce que », etc. Termes qui appellent donc des « preuves », des justifications, nous dirons des arguments à l’appui de l’affirmation.
Deux questions vont être abordées ici : qu’est-ce qui peut « faire argument » en sciences économiques et sociales ? Quelle hiérarchie peut-on établir entre les arguments, y-a-t-il de bons et de moins bons arguments ?
Désignons par « argument » une preuve à l’appui d’une assertion. Qu’est-ce qui, en sciences économiques et sociales, peut servir de preuve ?
Attention ! Un argument fait rarement sens par lui-même. Il suppose une interprétation.
Par exemple, pour illustrer la socialisation différenciée et la construction des « genres », on peut étudier des catalogues de jouets qui différencient généralement « jouets de fille » et « jouets de garçon ». Soit pour montrer qu’ils participent à la construction sociale différenciée des genres, soit que ces catalogues répondent aux attentes différenciées des enfants. De même, les statistiques sont souvent susceptibles d’interprétations diverses.
De même que dans La ferme des animaux certains animaux sont « plus égaux que d’autres », tous les arguments n’ont pas la même force.
La qualité de l’argument dépend beaucoup du contexte.
En sciences économiques et sociales, les explications ont le plus souvent une portée limitée, dépendante du contexte et du cadre d’analyse.
Prenons deux exemples.
1) Une baisse du « coût du travail » (baisse des salaires ou baisse des cotisations sociales payées par les employeurs) favorise-t-elle l’embauche ?
Travail à faire :
répondez à la question d’abord du point d’une entreprise qui serait seule à procéder ainsi ; puis en envisageant – ce qui est plus réaliste – qu’il s’agit d’une mesure collective d’ordre public. (N’oubliez pas que si le salaire est un coût pour l’entreprise, c’est un revenu pour le salarié et que si les cotisations sociales-employeur sont un coût pour celui-ci c’est une recette pour les caisses de sécurité sociale.) Vous pouvez vous aider d’un « circuit » tel que vous l’avez tracé dans le 1er chapitre, activité 3.
2) Une augmentation du salaire minimum et du montant des prestations sociales (allocations familiales, pensions de retraites, etc.) est-elle favorable à la croissance économique ?
Travail à faire :
répondez à la question en prenant comme point de départ les ménages bénéficiaires des prestations ; vous élargirez ensuite l’analyse aux autres « acteurs » concernés : administration publiques prestataires, entreprises, « reste du monde », etc. Vous pouvez vous aider d’un « circuit » tel que vous l’avez tracé dans le 1er chapitre, activité 3.
A retenir :
Quand vous argumentez, vous devez spécifier le « cadre d’analyse » : court ou long terme, niveau micro ou macroéconomique/ micro ou macrosocial, raisonnement en économie « fermée » (sans échanges avec l’extérieur) ou ouverte, etc.
Vous devez également préciser le contexte, quelle société, quelle époque, etc. :
Le degré de validité des arguments est inégal
Les arguments ont une portée plus ou moins générale. Une illustration est une preuve de moindre « qualité » qu’un chiffre issu de statistiques officielles (INSEE, OCDE, etc.). Les résultats d’un sondage sont moins significatifs que des résultats exhaustifs.
La source de l’argument influence aussi son degré de validité. C’est vrai pour les données chiffrées (voir ci-dessus), mais aussi pour l’auteur : quidam interrogé lors d’un micro-trottoir versus sociologue ou économiste.
A retenir :
Dans une argumentation doivent être mis en balance des arguments de « force » comparable. Un simple exemple ne peut valablement contredire une donnée statistique générale. Il peut néanmoins invalider le caractère général d’une affirmation : comme l’a fait remarquer un philosophe des sciences, l’existence d’un seul cygne noir invalide la proposition selon laquelle le cygne est un animal blanc. !
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