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Synthèse - La déviance est-elle un phénomène normal ?

1. Qu'est-ce que la déviance ?

 

Au premier abord, définir la déviance semble aisé : serait déviant tout comportement de transgression d'une norme sociale. Ainsi d'un banquier qui viendrait travailler en short, d'un élève qui insulterait un professeur, ou d'une personne volant dans un magasin. Mais plus que la qualité de l'acte lui-même, le sociologue américain Howard Becker nous enseigne que le caractère déviant dépend avant tout de la manière dont les autres vont réagir : rires ou consternation des collègues du banquier, punition infligée par le professeur à l'élève insultant, amende infligée au voleur à l'étalage. La déviance est donc avant tout le produit d'un étiquetage, résultat d'interactions sociales. Si ces interactions peuvent aboutir à qualifier de déviant une personne ayant effectivement transgressé une norme sociale, certains individus peuvent être "accusés à tort" ou "secrètement déviants".

Dans la même lignée, le sociologue américain Erving Goffman développe l'idée que les individus peuvent être stigmatisés (c'est à dire disqualifiés au cours d'une interaction sociale), lorsqu'ils possèdent un attribut qui constitue un écart par rapport aux attentes normatives des autres à propos de leur identité. Cet attribut peut être visible (couleur de la peau, handicap...) ou difficilement décelable par un simple contact visuel (homosexualité, personne ayant avortée...). A chaque interaction avec des "normaux", les personnes porteuses d'un stigmate risquent le discrédit. La déviance peut alors provenir d'un rôle endossé par la personne victime de stigmatisation. S'il persiste, ce rôle va se traduire par une modification des relations sociales de cette personne, qui, pour reprendre les termes d'Howard Becker, peut entrer dans une carrière déviante.

 

2. Comment se fabriquent les normes sociales ?

 

En plaçant le curseur sur la déviance comme relation sociale, on peut ainsi ouvrir de nouvelles prespectives : si la déviance existe, c'est parce que des normes sociales s'appliquent. Or, ces normes sociales ne sont pas immuables, elles se forment et se transforment. L'exemple du tabagisme l'illustre parfaitement : sous l'influence d'entrepreneurs de morale, le temps où il était relativement accepté de fumer des cigarettes à tout âge ou en toute circonstance semble révolu.

De même, alors que l'avortement était auparavant considéré comme un crime, la pratique a été dépénalisé au cours des années 1970 en France (ce qui ne signifie pas qu'aujourd'hui encore les femmes qui avortent ne peuvent pas être victimes de stigmatisation). Cet exemple illustre la logique par laquelle un problème social devient un problème public inscrit à l’ordre du jour de l’agenda politique et débouchant sur la mise en place de décisions politiques ou de mesures publiques. Le processus de mise en agenda s'opère en général sous une triple influence de mobilisation sociale, de médiatisation et de politisation.

 

3. Que mesurent les chiffres de la délinquance ?


Parmis les phénomènes déviants, les actes délinquants (qui contreviennent à la loi pénale) occupent une place particulière dans les débats publics. Chaque année, les "chiffres de la délinquance" produits par les services de police et de gendarmerie sont abondamment commentés dans les controverses relatives à l'efficacité des politiques menées par le gouvernement dans ce domaine.

Mais les statistiques de police et de gendarmerie sont sujets à plusieurs limites importantes :
- une part importante des infractions n'est pas comptabilisée quand les victimes ne portent pas plainte ou, pour les délinquances sans victimes directes, lorsque les policiers n'en ont pas connaissance par eux-mêmes
- les policiers peuvent décider de ne pas donner suite à une infraction dont ils auraient connaissance

Pour palier ces insuffisances, les sociologues mettent en oeuvre des enquêtes de victimation, qui interrogent des échantillons représentatifs d'une population. Si ces enquêtes apparaissent plus fiables que les données de la police, elles ne sont pas non plus exemptes de défauts : les réponses des personnes interrogées peuvent être insincères ou inexactes, et les résultats obtenus peuvent dépendre fortement du nombre et de la précision des questions posées.

Comme l'indique le sociologue français Laurent Mucchielli, il faut donc garder à l'esprit qu'en matière de statistiques :
" 1 - on ne peut rien dire d'un chiffre si l'on ignore comment il a été fabriqué;
2 - un seul chiffre ne saurait permettre de décrire ni de mesurer un phénomène social complexe;
3 - Les chiffres ne parlent pas d'eux-mêmes, c'est nous qui les faisons parler"


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