Objectifs:
- mieux maîtriser le concept de socialisation
- comprendre, à travers les concepts de socialisation primaire et secondaire et de pluralité des instances de socialisation, que la socialisation n'implique pas de déterminisme
Conseil au professeur : ce TD prend 1h30 à 2h. Pour pouvoir le réaliser en une heure, demandez à vos élèves de préparer à l’avance l’exercice 1 et les questions du document 1.
Exercice 1
1) Classer - Compléter le tableau suivant
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Socialisation |
Explicite/Implicite |
Négative/positive |
Direction |
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Oui/Non |
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Ascendante/descendante/ |
Dormir |
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Se laver les dents |
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Voir ses parents se laver les dents après chaque repas |
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Regarder Desperate Housewife |
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Voir son père passer régulièrement l’aspirateur |
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Avoir des camarades qui fument des cigarettes |
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Aider ses grands-parents à créer un compte Facebook |
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Ecouter du rap américain et ses clips |
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Aller au théâtre dans le cadre scolaire |
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Une mère dit à sa fille « Tiens toi correctement » |
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Conduire |
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Un père raconte une histoire tous les soirs à ses enfants |
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Un grand-frère joue beaucoup avec sa console |
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Des camarades de classe se moquent d’un élève qui prend souvent la parole |
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Avoir une Grand-Mère Physicienne |
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Avoir des parents anglais qui prennent du bacon et des œufs au petit déjeuner |
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Document 1 : La socialisation : une définition
La socialisation, c'est donc en ce sens l'ensemble des processus par lesquels l'individu est construit - on dira aussi « formé», « modelé», « façonné», « fabriqué», « conditionné» - par la société globale et locale dans laquelle il vit, processus au cours desquels l'individu acquiert - « apprend1», « intériorise2 », « incorpore3 », « intègre» - des façons de faire, de penser et d'être qui sont situées socialement. La définition la plus simple de la socialisation que nous pouvons proposer (…) est donc la suivante: « façon dont la société forme et transforme les individus ». Une telle définition pose plus de problèmes qu'elle n'en résout (…): [ car il faut ] substituer au terme vague de «façon» des processus réels et déterminés, (comment la socialisation s'opère-t-elle ?), au terme abstrait et global de «société» des agents ou instances précis («qui» ou « qu'est-ce qui» socialise ?), à la désignation générique de l'action de la socialisation sur les individus l'analyse de ses effets, de ses produits, de ses résultats spécifiques (qu'est-ce qui est intériorisé par l'individu socialisé ?).
Muriel Darmon, «La socialisation», col 128, Armand Colin 2ème édition 2010, page 6.
1 Apprendre : acquérir une connaissance, retenir dans sa mémoire, étudier. Il s’agit d’un acte positif et volontaire, qu’on accomplit le plus souvent en conscience.
2 Intérioriser : faire de ce qui est appris une disposition réflexe.
3 Incorporer : faire de ce qui est appris une disposition réflexe, qui se traduit par un acte du corps (rire, sourire, rougeur, battements de cœur…) lié à une émotion, et que la conscience ne contrôle pas. La honte, la joie, le plaisir sont des émotions apprises, intériorisées et incorporées.
1) Illustrer - Illustrez le passage souligné.
2) Illustrer - Illustrez les actions suivantes : «apprend», «intériorise», «incorpore». Utilisez les définitions proposées.
3) Illuster et justifier - Pour ce qui concerne la socialisation différenciée des filles et des garçons, exposez quels sont les «agents et les instances précis» qui contribuent à faire des filles… des filles, et des garçons… des garçons. Illustrez votre propos avec des exemples précis d’agents et d’actes qu’ils accomplissent. Montrez qu’il sagit de «processus réels et déterminés».
4) Expliquer - Finalement, qu’est ce que la socialisation « apprend » ?
Doc 2 - Instances de socialisation et pratiques culturelles
Un jeune ouvrier issu des classes populaires.
Daniel a 23 ans. Il a le brevet des collèges (« si on peut appeler ça un diplôme déjà »), a enchaîné avec une seconde en génie civil et s'est arrêté en première année de brevet de technicien. Il aurait pu aller en terminale, mais ne l'a pas souhaité parce qu’il a eu « beaucoup de problèmes avec les professeurs ». Il travaille aujourd'hui comme ouvrier, monteur de cloisons de bureaux, chez un artisan. Il vit avec Mélanie, titulaire d'un DUT gestion, administration commerciale, et technicienne à la caisse régionale d'assurance maladie. Ses parents sont sans diplôme, son père travaillant comme ouvrier mécanicien dans un grand parc lyonnais et sa mère comme ATSEM (assistante technique scolaire en école maternelle).
La dissonance du profil culturel de Daniel s'explique essentiellement par l'hétérogamie culturelle et sociale du couple qu'il forme avec Mélanie (du côté de certaines sorties culturelles plus légitimes, de certains choix cinématographiques ou de certaines écoutes musicales par exemple) et, au-delà, de ce que cette liaison entraîne en termes de nouvelles ressources culturelles (ses « beaux-parents » étant de fréquents prescripteurs de sorties et son « beau-père » commençant à devenir son initiateur en matière de jazz). Se rapprochant de Mélanie et de sa famille, il s'éloigne aussi de la sienne (qui sortait peu) et notamment de son père (qui passe son temps devant des programmes télévisés peu légitimes). Malgré cela, de par ses origines sociales et culturelles, sa formation scolaire et son insertion professionnelle, Daniel se tient le plus souvent à distance des formes culturelles les plus légitimes.
Daniel n'est jamais allé voir un spectacle de danse (…). Il ne fréquente jamais non plus l'opéra et n'a assisté qu'une seule fois à un concert de musique classique, car ces genres de musiques lui paraissent totalement hors de son univers musical (…). Le théâtre est aussi totalement hors de son horizon culturel (…). Il doit, par contre, aller avec son « beau-père » au festival de jazz à Vienne et s'en fait une joie (« il doit m'emmener au jazz à Vienne, mais j'aimerais bien qu'il m'emmène »).
C'est uniquement sous influence de sa copine qu'il visite des musées ou des monuments (…).
La lecture n'est pas une pratique très présente dans les loisirs de Daniel. Il ne lit quasiment aucune revue ni aucun magazine qu'il associe immédiatement à Mélanie : « Ça Mélanie, elle s'en charge très bien à ma place (rire). Ouais, elle achète j'sais pas combien de magazines ! »
Côté musique, Daniel distingue ses écoutes liées à Mélanie des siennes propres: d'un côté la variété française et internationale (Jean-Jacques Goldman, Francis Cabrel, Renaud, Tryo, Tracy Chapman, INXS, Ben Harper) qu'elle aime (et qu'il écoute indirectement) et de l’autre de nombreuses variantes de hard rock (Gun and Roses, AC/DC, Metallica, Sepultura, Megadeth, Dream Theater, Slayer, et de nombreux groupes trash). S'il a écouté à une époque du blues, quand il faisait partie du groupe d'un copain, il ne s'intéresse pas aux autres genres musicaux (…). Il s’épate tout de même lui-même de trouver parfois « pas mal » certaines musiques qu’écoute Mélanie (…) et raconte que la fréquentation de Mélanie a modifié son attitude musicale intransigeante : « Y a eu beaucoup, beaucoup de changements. Ben à l’époque où j’ai connu Mélanie, de toute façon, hein. C’est grâce à elle que je suis un peu plus ouvert, parce que c’est vrai qu’avant, j’étais pas tellement tolérant ».
Bernard Lahire, “La culture des individus, dissonances culturelles et distinction de soi” , La découverte, Textes à l’appui, 2004
A savoir : On appelle culture légitime la culture “classique”, celle des beaux arts, de la littérature classique ou d’avant-garde, exigeante sur le plan des connaissances de l’individu qui s’y frotte. La musique classique, le jazz, le cinéma d’auteur, le théâtre (à l’exception du théâtre de boulevard et des “one man show” des humoristes), l’opéra, font partie de la culture légitime. Cette culture est censée être celle qu’apprécient les classes supérieures ou favorisées.
À l’opposé, pour simplifier, on trouve une culture populaire, faites de télévision (séries, émission de variété, “talk show”, “télé-réalités”…) de presse quotidienne régionale, de romans-photos, de romans de gare (à l’eau de rose ou d’ “espionnage”), de musique de variété… qui est donc moins “légitime”. Les classes populaires préféreraient ce type de consommation culturelle. L’étude dont est extrait le texte montre justement que la plupart des individus mélangent les deux cultures. Sont donc considérés comme “dissonnants” ceux qui ne pratiquent pas principalement la culture à laquelle leur origine sociale les prédisposerait. C’est le cas de Daniel. Cherchons pourquoi.
1) Expliquer et Discuter - Comment les consommations culturelles de Daniel ont-elles évolué depuis qu’il a rencontré Mélanie ? Qui contribue à cette évolution ? Daniel adhère-t-il pour autant à toutes les pratiques culturelles de Mélanie?
2) Discuter - Daniel est conscient des influences de Mélanie et de sa famille sur le plan culturel. Peut-il y avoir d’autres influences dont il est moins conscient ? Dans quels domaines ?
3) Définir - Si on appelle socialisation primaire la socialisation qui se déroule jusqu’à ce qu’un individu quitte sa famille d’origine, comment pourrait on appeler les apprentissages d’attitudes, de comportements qui se déroulent lorsque l’individu concerné devient indépendant ?
4) Résumer - Quelles sont les principales instances de socialisation qui interviennent dans la socialisation des individus adultes ?
5) Illustrer - Quels sont les domaines de la vie, autres que la culture au sens commun, qui sont concernés ? Donnez des exemples.
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